Une semaine presque comme les autres
Avec cette semaine qui s’achève (en grande pompe) nous venons de franchir une nouvelle étape vers ce que certains chroniqueurs du futile seront tentés d’appeler un grand moment d’histoire, l’atteinte d’un idéal républicain. Vous pensez que j’exagère, que j’en fais trop ? Je vous raconte.
Une semaine toute banale.
Cette semaine n’avait pourtant pas bien commencé. À l’affiche, rien que du banal, de l’ordinaire, juste quelques SDF à la rue par grand froid, c‘était désolant de platitude.
On ne va pas faire bouger des foules et encore moins un gouvernement raisonnable et sérieux avec de telles nouvelles. Cela serait totalement inhumain de forcer nos bons maîtres à prendre froid dans des rues pleines de dangereux personnages : sans-abri, mal-logés, chômeurs, migrants, Insoumis, extrémistes, etc.
Et puis, vous serez bien d’accord avec moi, si je vous dis que ces SDF sont bien les pires. Eh oui, que diable ces gens ont d’étonnantes coutumes. L’hygiène est quelque chose d’important, je vous l’assure, mais prendre des douches en plein air par ces températures, courir le risque de se retrouver à l’hôpital rayon cimetière, c’est incroyable. Ils sont sans égard pour les deniers publics. Ils osent poter à la solidarité nationale due aux « Grands Entrepreneurs qui s’en mettent plein les poches ». C’est une honte ! On devrait les enfermer. Au chaud de préférence, pour bien les punir.
La semaine du grandiose, un moment d’histoire.
Et puis vite, la faucheuse s’est décidée à s’y mettre, à faire dans le grand, le généreux, le définitif. Un académicien en costume certifié La Pléiade et de bonne famille par-ci, un exilé fiscal à la Rock & Roll attitude par-là, pour un peu, on se savait plus où donner de la tête et du discours.
Vous vous rendez compte, si on n’y avait fait attention, on aurait eu droit à un hommage national matin et soir. On a beau aimer les réunions entre amis d’un ami, d’un ami, d’un ami, cela aurait fait trop. Plus de disponibilités pour profiter en bon gestionnaire averti, en bon contribuable en errance, de ses droits aux erreurs rechargeables.
Le Valls de la semaine : et que la jurisprudence nouvelle soit.
Heureusement, le meilleur, le plus délicat de la semaine, était encore à venir. Comme quoi c’est bien avec de petits moments discrets que l’on fait de grandes choses. Pas besoin de média (1), de rassemblement dans les rues ou dans les cimetières, de blocage de champs soient-ils de l’Élysées, que notre pays avance. Certaines personnes importantes et bien placées disent que c’est dans le sens de la marche…
Le Conseil Constitutionnel dans sa grande clairvoyance vient de mettre à jour le niveau de nos connaissances et du droit constitutionnel ou pas. Il nous a appris qu’à partir de 66 voies et pour peu que cela fasse moins de 100, tromper n’est pas tromper. Il vient de nous démontrer encore une fois, et nous devons le remercier, la force et l’universalité de la théorie de la relativité de M. Einstein.
C’est simple, on nous a tous enseigné que :
- Se tromper d’un Euro dans une addition ou dans toute autre opération, c’est se tromper. D’ailleurs pour un comptable, c’est l’arbre qui cache la forêt. Dans sa fonction, c’est inadmissible et il se remettra à l’ouvrage (2) pour débusquer la source de l’erreur,
- Dépasser la limitation de vitesse fixée à 90 (3), c’est illégal, que cela mérite dignes récompenses. Essayez de convaincre un radar automatique et demain, un radar privé, vous m’en direz des nouvelles,
- Tromper sa compagne ou son compagnon, c’est bien tromper. Ce n’est pas le nombre de tentatives réussies qui dilue la faute. Que ce nombre soit ou pas digne du livre des records, les chances de passer de Mme ou M. le maire à la bienveillance d’un avocat ne vont qu’en augmentant, pas le contraire.
La liste d’exemple est sans fin mais ça, c’était avant, bien avant. Le Conseil Constitutionnel vient d’initier une nouvelle dimension, la 7e (4) si je compte bien. Celle où tant qu’ils le disent, on peut escroquer ses concurrents, nier toute règle démocratique, passer la main dans le dos de ses copains, pour peu que cela vous arrange.
Pour paraphraser une célèbre formule : La démocratie est morte, vive Valls.
Conclusion.
Il est maintenant important d’étendre cette façon de voir le droit et la justice à tous les recoins de notre société. Je crains que cela ne nous aide à faire monter notre pays dans la liste des pays plus ou moins corrompus. Il faut savoir ce que l’on veut et rendre officiel ce qui n’est qu’officieux et de montrer il en retourne dans la république des copains et des coquins.
(1) Pour vivre heureux vivons cachés.
(2) Je n’aborderai pas ici le problème des paradis aussi fiscaux soient-ils.
(3) En fait, 94 km / heure et demain 84 pour tenir compte des erreurs de mesure possibles.
(4) Il faudra en parler aux gens de la Cour des Comptes. Ils devraient trouver dans leurs spécialités de nombreux débouchés à cette innovation.
Mis en ligne le 10/12/2017
