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Pour solde de tout conte et autres histoires drôles

Pour solde de tout conte et autre affaires

Parler de « conte » au sujet des événements de la semaine dernière, je l’avoue, c’est un rien provocateur. On ne se refait pas.

À l’occasion d’articles mis sur le blogue (1), et en particulier de l’un des deux, j’ai eu le plaisir et l’honneur de me faire prendre à partie. Ce n’est pas que le Tweet de départ ait été particulièrement assassin, non, juste méprisant. Pas de quoi casser trois pattes à un canard en somme. J’y ai répondu comme il fallait. Le pedigree de mon interlocuteur étant ce qu’il était, il n’y avait de quoi en faire des cauchemars ou d’en faire un conte à dormir debout, sauf que ….

Le décès et l’enterrement de Johnny étaient très largement abordés, la coloration de ces articles était assez critique, j’avais dû en faire un peu trop, suffisamment pour blesser un inconditionnel, un accro du personnage. Ma conclusion de cet épisode : il était donc temps de remettre les choses à leur place.

Conte non compris : à votre bon cœur.

Le décès d’un très proche, d’un ami, est sans équivoque quelque chose de triste, d’éprouvant. On ne peut que s’émouvoir et comprendre. Que la personne soit un anonyme ou comme dans le cas qui nous occupe, une vedette, les sentiments (2) sont les mêmes. Là où cela se gâte, c’est lorsque viennent se greffer sur la disparition de la personne, les intérêts, les passions incontrôlées, les rêves, les utopies, les fantasmes, les récupérations, qu’elles qu’en soient leurs natures.

Un conte sans fin
Un conte sans fin

Un conte face à la réalité.

Comme beaucoup (2), j’ai des souvenirs liés à certaines de ses chansons. Oh, ma jolie Sarah » que j’associe aux jeudis après-midi passés à la fête foraine, aux auto-tamponneuses, quand jeune adolescent, avec les copains de mon âge, on se prenait pour des conquérants, que l’on se rêvait en séducteurs (de pacotille), que l’on noyait nos illusions dans la chanson d’un macho connu et reconnu. Il y en a eu d’autres (3)  mais la seule qui m’ait vraiment séduit « Toute la musique que j’aime ». Plus vraie, moins marquée par les nombreux stéréotypes qui ont parsemé sa carrière.

Mais cela s’arrête là. C’était un chanteur, un artiste, pas un dieu, ni un guide. Ses attitudes diverses et variées montraient trop de distance entre ce qu’il « vendait » à ses fans et ce qu’il semblait en fait être, pour que cela soit crédible.

La vérité est qu’il était certes, un bon (4) interprète, inspiré parfois, qui a su vivre ses rôles et nous faire passer de bons moments, rêver au-delà du raisonnable pour d’autres, mais c’était aussi un produit top-niveau. Un produit marketing que d’excellents producteurs, de bons musiciens et surtout d’immenses paroliers, ont permis de faire vivre plusieurs vies et de remarketer un bon nombre de fois (5).

Quand on recycle le conte  jusqu’à suffocation.

Là où le bât blesse, c’est la manière dont son décès, son enterrement ont été utilisés par les médias, les politiques, pour nous envahir, nous écraser sous le poids de plans com de dernières minutes (7) ou d’avant. Cela a atteint de telles proportions que pour les gens lambda, les non-fans, on a atteint l’overdose. À force de tirer sur la corde, de tester sa solidité, elle craque.

Le conte du Comte de Recyclage, de Bashing, est annoncé.

Repensez-y. Les soirs suivants son décès, la plupart des chaînes généralistes diffusaient en simultanée des enregistrements, des reportages (6). L’apothéose a été dépassée le dimanche. Les chaînes d’info ont fait une diffusion en continu des péripéties de l’affaire. Les politiques en ont profité pour se montrer dans tous les sens, répétant implicitement et explicitement que, eux étaient comme nous les fans et qu’ils vivaient le même drame, qu’eux nous comprenaient et qu’il fallait leur faire confiance, pitoyable !

De là, la police de la pensée dérivante, les soutiers de la pensée unique se sont glissés dans les débats. Ils ont décidé de sévir à l’encontre de ceux qui plaçaient les choses avec justesse et pondération. Les journalise comme Jean-Michel Aphatie se sont chargés d’orchestrer le bashing. Malheur à ceux qui comme Jean-Luc Mélenchon et ses équipes exprimaient un intérêt, une compassion mais se refusaient à en faire trop. Comment osaient-ils ne pas se mettre devant l’événement, occuper le terrain du graveleux, ou tout simplement contextualisaient vis-à-vis d’autres affaires en cours : téléthon, loi de 1905, attribution de deux prix Nobel à une femme (Marie Curie), les délires de Trump pour le Moyen-Orient, …

Conclusion du conte.

Entre pensée unique, récupération, bashing, volonté d’occuper la place avec des rêves, des illusions, nous avons eu le droit à un vaste exercice de propagande du plus belle effet : opération Johnny réussie.
Que nous réservent les mois à venir ? Surprise !!

 

  1. Bien ou mal écrits, à vous de voir, Ils sont sans plus de prétentions que celle de raconter. Ils expriment juste un regard, un point de vue sur les choses.
  2. Au pire, le ton est lui en cohérence avec la phrase d’accueil du blogue et du compte Tweeter. Que demander de plus ?
  3. Mais pas tout le monde et c’est bien là la nuance principale.
  4. A vous de choisir le mot qui vous convient le mieux : bon – excellent – incroyable – extraordinaire – irremplaçable – …, cela ne pose aucun problème.
  5. D’autres comme :
    Quelque chose de Tenesse, Je te promets, J’ai oublié de vivre
  6. Globalement, je rejoins certains des éléments présentés dans l’excellent article d’André Gunthert : Le problème Johnny et des commentaires dont il a bénéficiés : à lire
  7. Certainement préparés longtemps à l’avance.

Mis en ligne le 11/12/2017
Mis à jour le 12/12/2017


 

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