Notre société

Le Burkini, pour moi c’est non


Le Burkini peut être vu de différentes manières et cela n’a rien à voir avec une quelconque religion ou un quelconque communautarisme. En plaisantant, on peut le regarder au choix :

  • comme un vêtement tout simple pour transporter le sable au retour de la plage,
  • comme un moyen facile pour ramener son linge propre sans se fatiguer,
  • comme un camouflage pour échapper à la surveillance de son mari.

C’est à vous de voir.

De façon plus sérieuse, c’est aussi un vêtement chargé d’un certain nombre de symboles explicites ou implicites. Le Burkini ne fait pas vraiment partie des vêtements féminins qui soulèvent mon enthousiasme. Vous serez d’accord avec Brèves de Zinc pour dire que cela mérite quelques explications.

Le Burkini : “No pasaran” .

Si j’étais une femme, même timide, même mal dans sa peau, je ne pense pas que j’accepterai de devoir jouer aux fantômes, d’être obligée de me cacher presque totalement aux autres.

Nous savons tous que le regard des autres et un regard inquisiteur, voire destructeur. Surtout pour les femmes qui devraient toutes avoir la taille mannequin, être blonde, avoir 25 ans maximum. Il y a longtemps que la chasse aux sorcières est grande ouverte. De là à s’obliger à devenir transparente, cela serait pour moi quelque chose d’inacceptable. Cette société a des comportements normatifs absolument exécrables.

Je ne vais pas souvent à la plage, mais je me rappelle que bon nombre de femmes ou de jeunes femmes trouvaient le moyen, en toute simplicité, pour faire face à cette adversité. Avec un maillot de bain plus couvrant, un polo négligemment posé sur les épaules (lorsqu’elles étaient hors de l’eau) et l’affaire était bouclée. Pas besoin de se transformer en fantôme qui se plaît dans le noir profond ou même dans les couleurs vives.

Le Burkini, moyen de domination machiste.

C’est une évidence culturelle, le bassin méditerranéen (dont fait partie la France) à des comportements possessifs et dominateurs vis-à-vis de la gente féminine.
Cacher son épouse, son amie aux autres regards masculins, fait partie des réflexes de base du macho moyen. Cela ne s’arrête pourtant pas là et peut aller encore beaucoup plus loin. On est proche de ce que l’on pourrait appeler de l’asservissement, de l’esclavage domestique.
C’est en ce sens que ce vêtement n’a pas sa place. Il n’est en fait que la partie visible d’une manière de penser et d’agir beaucoup plus vaste (mariages arrangés, mariages obligés, etc).

Outils de subordination communautaire.

Dans le passé, le fait de revêtir telle ou telle pièce de vêtement indiquait que vous étiez d’un certain endroit, que vous partagez certaines idées, que vous faisiez partie d’une certaine communauté.
Le Burkini participe pleinement à ce concept.
Anciens membres ou nouveaux venus, ils veulent être, sans pourtant en être conscient, identifiés comme tels et ne voudraient en aucun cas s’y soustraire.

Un vecteur religieux.

Quelle que soit la religion, catholique comprise, elle se complaît dans le fait d’imposer aux femmes des manières très codées de se vêtir.

Jusqu’aux années 60, en métropole, le foulard n’avait rien d’islamique. Les Juifs orthodoxes ne couvrent-ils pas le visage de leurs épouses, mais les obligent à s’habiller de façon très très stricte. Islam et judaïsme se rejoignent à bientôt 100 %.

N’oublions pas que ce pays a choisi après pas loin de deux millénaires de domination catholique, de devenir laïc (1). Il ne serait donc pas acceptable que dans l’espace public qui est celui de tous, des religions, quelles qu’elles soient, puissent imposer ses codes, ses comportements, ses croyances.

Le Burkini, pour moi c’est non et pourquoi

Et alors, on jette le Burkini aux orties ?

Difficile, d’interdire quelque chose qui n’est pas illégal. Est-ce que tout l’autorise pour autant ? Notre société (laïque) a bâti progressivement ses us et ses coutumes. Ils sont là, ils existent.

Le dernier arrivant, quelle que soit son origine, a le droit (du moins ici) de venir avec ce qu’il est. De le proposer comme un supplément d’âme à la communauté, comme un apport pour le devenir de cette société, mais pas plus.
À l’inverse, ce n’est pas parce que cela a toujours été que cela sera toujours !
Des années 1900 aux années 60, on est passé progressivement les lourds vêtements de bain au maillot puis au bikini. Cela veut dire que pour la majorité, aller se baigner utilise un seul vêtement dans toutes ses diversités, a priori rien de plus.

En utilisant une parabole, on pourrait dire :
Dans les mosquées, l’usage est d’entrer sans chaussures. Ce n’est pas parce qu’un musulman converti a eu l’habitude d’entrer dans des lieux consacrés avec ses chaussures, que cela lui donnerait le droit de le faire dans une mosquée.

(1) C’est quoi laïc.

L’espace France est un espace laïc. C’est-à-dire que dans cet espace, on ne fait pas la promotion d’une façon spécifique de croire et même de ne pas croire. C’est un espace du vivre ensemble, qui n’accepte aucune primauté des unes sur les autres.

Le prosélytisme sous toutes ses formes ne peut pas être accepté. La société, l’État, ferment plus ou moins les yeux sur des épiphénomènes. C’est possible, jusqu’au moment où ces phénomènes prennent trop d’ampleur et tentent de s’imposer à tous. Pour paraphraser une expression, mettre un doigt dans l’engrenage ne signifie pas que l’on va pouvoir bloquer tout le système.

Mis en ligne le 18/08/2016
Modifié le 13/11/2017
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